vendredi 19 mars 2010

Il est parmi les "stylistes" du prestige moderne: Richard MEIER (1934- )

Parmi les « stylistes » du prestige moderne, l'architecte Richard Meier, né à Newark (New Jersey) en 1934, lauréat du prix Pritzker (1984), a conquis une place de premier plan. En 1963, il visite l'exposition consacrée par le musée d'Art moderne de New York aux dessins et maquettes de Le Corbusier, événement qui devait décider de l'orientation de sa carrière. Il allait peu à peu, dans son activité de peintre, dans les collages qu'il effectuait dans l'atelier de son ami Frank Stella, et à l'occasion de la construction de ses premières maisons, élaborer un langage plastique sophistiqué, clairement inspiré par le purisme des années 1920, sorte d'introspection de l'architecture moderne, de retour aux sources. Les fameux « cinq points » de Le Corbusier, qu'illustre magistralement la villa Savoye construite à Poissy en 1929, lui offraient les bases d'exercices spatiaux de plus en plus savamment articulés. Dans les bâtiments qu'il construit dans les années 1970, sans renoncer à son idéal de pureté et d'abstraction, il enrichit son vocabulaire, développe la souplesse de composition jusqu'à déployer un type achevé de baroquisme d'esprit moderne. Plus que dans ses ensembles de logement (Westbeth, en 1970, ou Twin Parks, en 1974) ou son remarquable centre pour handicapés mentaux du Bronx, c'est à l'occasion de la construction de somptueuses maisons particulières ou de musées prestigieux qu'il a su donner le meilleur de son talent. Dans ses grandes villas (Smith House, Darien, Connecticut, 1967 ; Saltzmann House, East Hampton, État de New York, 1969 ; Douglas House, Harbor Springs, Michigan, 1974 ; ou encore Giovannitti, 1983), Richard Meier a prouvé une extraordinaire aisance à dresser dans des sites naturels ses constructions blanches, faites de frontalité franche et de fuites curvilinéaires, d'avancées de volumes ou de surfaces immaculées et de retraits sombres, de transparences, de grands aplats vitrés sertis dans de minces huisseries, de rambardes en tube d'acier rond évoquant les ponts de navires, de passerelles et d'escaliers métalliques. Les itinéraires que ménage l'architecte à l'intérieur de ses œuvres, ces parcours qui renouent avec la notion corbuséenne de « promenade architecturale », se retrouvent à une plus grande échelle dans le séminaire de Hartford, 1981, ou dans ce qui est peut-être une de ses réalisations les plus magistrales, l'Atheneum de New Harmony, 1979, destiné à servir de « propylée », de pavillon introductif, à une sorte de ville-musée conservant les souvenirs de la colonie utopiste de Robert Owen. Les musées de Richard Meier sont ses œuvres les plus réussies. Celui d'Atlanta (1984) , compact, massif, est l'image même de l'intériorité, dans laquelle entre le visiteur après avoir gravi une longue rampe qui le cueille à l'extérieur, pénètre l'édifice clos puis se déploie sous les verrières. Le musée des Arts décoratifs de Francfort (1985) , plus extraverti, est disposé dans un parc et structuré en liaison avec une grosse villa classique. Le projet définitif, établi en 1991, du complexe de la fondation Getty près de Los Angeles prévoit la mise en relation harmonieuse du magnifique site et des six bâtiments contenant entre autres un musée, une bibliothèque et un centre de conservation.

Le siège de Canal Plus, inauguré en 1992, est la première réalisation en France de Richard Meier. L'immeuble, situé dans le XVe arrondissement de Paris, est formé de deux corps en L réunis par un vaste atrium. On y retrouve le vocabulaire architectural qui caractérise les différents projets de l'architecte : la transparence servie par d'immenses verrières, les façades tramées et blanches, les horizontales fortement marquées.